Il était un artiste du ballon rond, un féru du football, un patriote
au langage de vérité. Jules François Bocandé a sublimé des jeunes et a défendu
sa passion jusqu’au bout. Sa mort n’est pas comme toutes les morts. Il a été
abandonné par la patrie qu’il a servie. Aucune reconnaissance de la part de
cette patrie et dire qu’il a été l’un de ses plus fervents défenseurs. Il était
fier d’être sénégalais et casamançais.
Caire 86, j’étais encore très jeune mais je m’en souviens. Dans la
maison du Grand Père maternel, devant une télé noir et blanc, je suivais avec
mes oncles et cousins, le match qui opposait le Sénégal à l’Egypte. Je me
rappelle encore toutes ces rumeurs non fondées qui avaient suivi la défaite des
lions. Aujourd’hui, seulement aujourd’hui, des voix s’élèvent pour dire que
rien de ce qui était dit n’était vrai.
Etant plus jeunes nous écoutions tés souvent le PBS ( Positiv Black
Soul) et nous nous souvenons de certains messages au caractère métaphysique
symbolisant la nécessité pour l’homme de trouver la vérité à travers des
questionnements. « Pourquoi les fleurs naissent s’ils sont destinés à
pourrir ? Pourquoi le bien s’il y a le mal ? Pourquoi la vie s’il y a
la mort ? Pourquoi le Paradis si dans l’Enfer tu dois finir ? ».
Ces propos, qui sonnent comme blasphématoire puisque considérés comme étant des
questions interdites, montrent le caractère transitoire de la vie qui n’est que
passage et le caractère éternel d’un au-delà qui nous est inconnu. Notre vie sur terre relève d’un pêché
originel, mais une mission y est adossée. A nos ancêtres, au moment de quitter
le Paradis, Dieu le Miséricordieux avait dit à Adam et à Eve, « qu’il
gagnerait leur pain à la sueur de leur front et qu’elle enfanterait dans la
douleur ». L’homme est la femme ont à partir de ce moment des missions
spécifiques sur terre. Mais, nous retournerons aux cieux à la fin de celles-ci. « Toute
personne ayant goûté à la vie goutera à la mort » nous apprend ce qui a
clos ce qui a été scellé et qui a scellé ce qui a été clos.
La mort est ainsi associée à chaque vie. Mais, la vie après la mort
est couverte d’une voile épaisse faisant que nous souhaitons tous vivre autant
que se peut et garder parmi nous nos proches, nos amis et tous ceux et toutes
celles que nous connaissons ici bas. La mort nous arrache brutalement des
personnes qui nous entourent et leur vie dans l’au-delà nous est totalement
inconnue. Nous avons ainsi peur de mourir et de voir mourir nos proches et
amis. Nous nous n’habituons jamais à la mort. Quand elle frappe à nos portes la
stupéfaction est toujours présente. Des larmes, des regrets et un vide nous
envahissent.
Au-delà de l’émotion je suis amère. Attristée par mes compatriotes qui
ne reconnaissent les valeurs des uns et des autres qu’après leur mort. Il a été
souvent traîné dans la boue. Les mêmes qui le prenaient pour un vagabond sont
ceux qui aujourd’hui lui tressent des lauriers. Tous des hypocrites.
L’artiste est parti sur la pointe des pieds. Seul dans sa galère. Seul
oublié de tous, il est parti sans égards, sans reconnaissance. Cette manque d’égards
ne l’a jamais éloigné de sa passion, toujours manifestée, de servir son pays.
Que l’Alpha et l’Oméga l’accueille au Paradis. Repose en paix l’artiste !
Haby Sirah Dia
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire