N’avaient-ils pas
tenté, simplement par l’accusation, de démontrer que d’honnêtes citoyens,
adversaires politiques gênants, s’étaient enrichis illégalement ? N’avaient ils pas abusé de leur pouvoir pour
injustement tenir à l’écart des personnes que la justice a par la suite
totalement blanchies ? Dans une de ses contributions titrée « Et l’histoire donne raison à Idrissa
SECK » parue le Dimanche 10 Juin 2012, M Abdou Kebe avançait, après
une analyse assez aigue, que
« Idrissa SECK a été (…) calomnié et traîné dans la boue sans raisons,
sans preuves et avec un acharnement jamais égalé. Aujourd’hui, les zélés d’hier
se défendent, à haute et intelligible voix, être victimes d’un acharnement
injustifié alors qu’hier sur l’autre côté de la rive, il déclarait, avec
arrogance, que justice devait être faite peu importait la stature de la
personne incriminée. Ils avaient alors violé la loi en votant, sans respecter
les dispositions constitutionnelles, la mise en accusation de l’ancien premier
ministre du Sénégal. Ils ont emprisonné Idrissa SECK pour ensuite aller
chercher des preuves avec des commissions rogatoires qui n’ont jamais prouvé le
moindre enrichissement illicite. Ils avaient décimé des familles, brisé des
carrières par leur seule volonté de nuire et de détruire un homme
politique. » Et ironie de l’histoire, c’est un des dignitaires du
défunt régime de Wade en l’occurrence Me Ousmane Ngom qui conforte l’analyse de
M Kebe. Il a déclaré, sans sourciller, sous les feux des caméras de la TFM, le
19 Novembre 2012, « Nous sommes des
hommes, il se peut que nous nous soyons trompés. Nous n'avons jamais dit que
nous n'étions pas dans l'illégalité dans l’affaire Idrissa Seck » Le
dernier Ministre de l’intérieur de Wade voulait, en faisant ces aveux
révélateurs, justifier le caractère « illégale » de la convocation
des ex Ministres dont lui devant la gendarmerie. Il a fini par prouver qu'il
était lui même dans l'illégalité en faisant convoquer le Président de Rewmi par
la Division des Investigations Criminelles (DIC) alors que la Haute Cour de
Justice n’était pas encore en place. Allassane Samba Diop, journaliste au Groupe
Futurs Medias, n'avait pas d'ailleurs manqué de le lui préciser.
Mais la roue
tourne et cette fois ci dans la légalité et sur demande du peuple sénégalais
souverain. Karim Wade, Sindiély Wade, Samuel Sarr, tout comme tous ces
milliardaires arrachés soudainement de leur modestie vie doivent impérativement
rendre compte. Ont-ils détourné l’argent du contribuable ? Sont ils
coupables des faits qui leur sont reprochés ? Il leur appartient tout
simplement de justifier chaque centime qu’il possède afin que nos doutes
légitimes se dissipent. Ce ne sera pas leur stratégie de bluffeur qui les
sauvera. Ce ne seront non plus les marches et autres victimisations qui leur
feraient bénéficier d’un non lieu. Ils devront prouver, simplement et
seulement, l’origine licite de ce qu’il possède.
L’honorable
député Thierno Bocoum leur a clairement
fait comprendre cet état de fait. Il a su trouver les mots justes pour
qualifier leur gaminerie. Dans une interview parue dans le journal Le
Populaire, le 30 Novembre 2012, il leur faisait comprendre que « (…)
La question fondamentale c’est de savoir, est ce qu’ils doivent rendre compte
ou pas. S’ils sont d’accord qu’ils doivent rendre compte, ils n’ont qu’à
répondre de leur acte et ensuite réclamer que d’autres suivent la même
procédure. Mais on ne peut pas devoir rendre compte et refuser de le faire sous
le prétexte que d’autres ne sont pas entendus. En réalité, s’ils n’ont rien
fait, ils n’ont pas à s’inquiéter. Et bizarrement, ils s’inquiètent. Il faudra
que les gens comprennent que cela ne doit plus être possible de s’enrichir sur
le dos des Sénégalais. Au Sénégal on manque de tout. Il n’y a pas d’eau dans
certains villages, pas d’infrastructures sanitaires, les jeunes sont au
chômage, un Sénégalais sur deux, vit au-dessous du seuil de pauvreté. C’est
inacceptable que des personnes à qui l’Etat fournit un salaire, des privilèges,
se permettent de dilapider les deniers publics et d’organiser leur
enrichissement. Ce n’est pas une question de personne mais c’est une question de
principe (…). » Il rejoint
ainsi l’analyse de M Abdou Kebe comme s’il s’était entendu. Pour cause, le
dernier nommé affirmait dans la même contribution citée plus haut que « Abdoulaye Wade a toujours considéré
les fonds politiques comme son propre argent faisant de cette réserve légale
pour les urgences, un moyen de propagande, d’achats de conscience et
d’enrichissement personnel. » L’affirmation est plus que juste. Voilà ce
qui explique leur inquiétude dont faisait allusion le fringant et jeune député
Thierno Bocoum. Par conséquent, leur stratégie concernant à vouloir tout mettre
sous le dos de Wade quand il s’agit de justifier l’origine de leur subite
richesse ne peut en aucun cas prévaloir. Si Wade a détourné des deniers publics
pour les leur donner cela entre toujours dans le cadre de l’enrichissement
illicite. Le complice d’un coupable est un coupable et le recéleur de biens
volés aussi coupable que le voleur lui-même. Encore que s’il pense se cacher
derrière « l’immunité présidentielle de Wade » pour échapper à la
justice, il se trompe lourdement de stratégie. Ils seront coupables et devront
payer de leur faute s’ils n’arrivent pas à prouver le caractère licite de leur
fortune.
Les tenants du pouvoir aussi doivent savoir que s’il tente un
seul instant de ne pas aller jusqu’au bout de ces enquêtes pour des raisons
politiciennes (ou quelques autres raisons que cela puissent être), le peuple,
bien conscient de ce qui se passe, leur demandera des comptes. Et en lieu et
place des vrais coupables, ils passeront à la guillotine populaire.
Le moment est venu d’assainir le champ politique sénégalais,
d’instaurer durablement l’éthique et la bonne gouvernance au cœur de la gestion
des affaires de l’Etat. C’est une doléance du peuple sénégalais et un impératif
républicain. A bon entendeur …
Haby Sirah Dia
habydia.blogspot.com
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