Voir un Président de la République élu pour solutionner les
innombrables problèmes d’un pays, surfer aussi cyniquement dans la détresse des
populations victimes des inondations est une image révoltante à la limite même
provocante. L’élection du Président Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal
est le fruit d’innombrables sacrifices suite à plus d’une décennie de
désacralisation des institutions de la République, d’inversion des valeurs et
de crimes économiques perpétrés par l’ancien régime. Alors, s’il dérape, nous
avons l’obligation morale de lui dire avec fermeté qu’il na pas le droit de
jouer aux trapézistes dans des moments cruciaux de l’existence d’une grande
partie de la population sénégalaise.
Oui Monsieur le Président, vous n’avez pas le droit, de battre
campagne dans le désastre des populations de la banlieue dakaroise qui perdent
le sommeil durant l’hivernage et qui continuent de survivre dans les eaux
stagnantes après les trois mois de
calvaires et de traumatismes de l’hivernage dernier. Ne nous dites pas que vous
n’avez pas vu ces images de ces femmes et de ces enfants marchant pieds nus
dans les eaux à la recherche désespérée d’une issue qu’ils peinent à trouver. Des
familles dorment, se réveillent, cuisinent et mangent dans les eaux de pluies
qui ont fini par élire domicile dans leurs maisons et leurs alentours. Des
lieux de culte deviennent impraticables. Des familles et des voisins sont
séparés par des marrées d’eau. Malgré tout, vous avez la force de battre
campagne au milieu de cette situation qui devait plutôt vous amener à vous
poser des questions utiles. Pensez vous que quelques coups de pèles, quelques
pas de marche sous la pluie permettront à cette population, toujours délaissée,
de retrouver leur sérénité ? Pensez vous que les Milliards annoncés dans
la construction soit de canalisations, soit de quelques maisons de recasement,
soit d’achats de motos pompes, plaideront pour une volonté manifestée de
résoudre de manière permanente la situation des inondés ?
Détrompez-vous, Monsieur le Président, nous avons vu vos prédécesseur dont
celui que vous avez servi pendant quatre ans comme Premier Ministre, nous
fredonner la même chanson. Depuis 1999 avec les études sur Médouna Gounass qui
ont abouti à mettre en place des bassins de rétention à pomper, aucunes
solutions durables n’ont été mises en place. Que des solutions
temporaires ! Le dénouement de ce calvaire se fera avec la mise en place
de canalisations efficaces drainant l’eau vers des lieux bien définis. Mais,
j’ai la ferme conviction que les acteurs qui ont investi dans les solutions
d’urgence ne veulent pas que la situation soit définitivement résolue. Le
gouvernement avait depuis le mois d’Octobre 2012 la possibilité de commencer
son programme pour résoudre le problème, mais a-t’il attendu à un mois de
l’hivernage pour commencer à creuser et à bétonner qu’il nous a montré sa
détermination de façade à résoudre le
problème des zones inondées. Il a réussi
à créer l’urgence à faire passer des grés à grés basé sur l’entende direct
alors qu’il savait que cette situation aura belle et bien lieu. Entre temps, il
avait eu le courage de passer une nuit de danse au CICES en présence du
Ministre chanteur. C’est dire simplement que le gouvernement ne connait pas le
vrai sens de sa mission, « s’essouffle à pas de danse » et s’obstine
à copier-coller les mêmes méthodes qui ont valu la chute du régime libéral.
Vous n’avez pas le droit, Monsieur le Président, de
refuser de regarder en face les populations et de leur dire, les yeux
détournés, que vous avez compris leur drame avec le sourire au coin des lèvres et
le bras levé en signe de victoire devant les pancartes de ceux qui sont venus
d’ailleurs, qui ne vivent pas les inondations et qui vous manifestent leur
soutien politique. Croyez vous que les populations concernées ont le temps de
sortir des pancartes et de penser faire de la politique politicienne alors
que des jours durant ils n’ont ni dormi ni mangé ? Les populations de
Wakhinane, Pikine, Kafrine, Bambey, Thiés, Kaolack pour ne citer que ceux là,
n’attendaient pas que vous les narguiez mais espéraient voir des programmes
concrets et non entendre des discours plus électoralistes qu’autre chose. Mais ceux qui ne peuvent pas s’identifier au
passé et puiser dans le registre des événements vécus ne savent pas où aller,
tâtonnent et se brûlent inéluctablement les doigts par manque de repères. Vous
donnez de plus en plus du crédit à ceux qui pensent [dont moi-même] que vous
êtes un président par défaut et que vous n’avez ni la force ni le programme encore
moins l’équipe pour résoudre définitivement les problèmes des inondations, de
l’énergie, du chômage et de l’agriculture. Sinon comment comprendre vos fous
rires et autres tapes amicales, entre le Premier Ministre et vous, aux
milieux de la calamité vécue par les
populations de la banlieue de Dakar? Vous n’avez pas le droit de ne point
vous soucier des situations difficiles vécues par le peuple qui vous a élu. Ce
n’est pas élégant de votre part de faire dans la propagande déguisée alors que la situation mérite sérénité et
détermination.
Après la situation économique difficile que nous traversons parce que
« Rewmi doxuul », vous n’avez pas le droit de nous entraîner dans une
campagne électorale sans fin faisant fi des souffrances de la majorité du
peuple qui ne sent nullement le « Yonu Yokuté » - la voie du progrès.
Nous n’attendrons pas la fin de votre mandat pour vous dire, par la voie des
urnes, que vous n’aviez pas le droit de manquer de vision capable de booster
notre économie et de surfer dans nos détresses pour avoir de nouveaux
admirateurs. Nous vous le disons maintenant et vous prévenons que nous agirons
en conséquence dans la légalité certes, mais avec la même détermination que
sous Wade. C’est un devoir !
Haby Sirah Dia
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