Chers lecteurs, je vous annonçais la parution d’un dossier sur la
nature exponentielle du blanchiment d’argent durant ces dernières années au Senegal. Je suis particulièrement intéressée par ce domaine et depuis la
création de la CENTIF, je suis attentivement cette délicate structure qui n’a
jamais eu les coudées franches pour instruire à bon escient les dossiers
remontés par les assujettis à la loi.
Créée le 18 Aout 2004 par le décret n° 2004-1150, la CENTIF
jusqu’en 2010 à reçu 373 déclarations de soupçons venant principalement des
institutions financières notamment des Banques. Il en a transmis 69 à l’autorité judiciaire.
La première chose qui inquiète est le montant total des dossiers suspects
reçus. En effet, de 2005 à 2010 les dossiers reçus à fort présomption de
blanchiment s’élèvent à 1178 054 71 9980 FCFA. Ce montant se réparti comme suit en 2006 il s’élevait
à (1.777.041.497 FCFA), en 2007 il était
de (31.113.871.667 FCFA), en 2008 de (26
027 515 679 FCFA) et en 2010 de (1 119 136 291 137 FCFA). Soit une
évolution assez inquiétante.
Le deuxième élément qui inquiète c’est le nombre de dossier traité par
l’autorité judiciaire qui souvent s’est déclarée incompétente. Le traitement des dossiers ne dépasse pas
les 10% des dossiers transmis par la CENTIF.
Ces informations combinées d’une part à la tentative des autorités de
fragiliser cette institution essentielle et centrale dans la lutte contre la
corruption avec la fameuse modification de l’article 29 de la Loi uniforme n°
2004-09 du 6 février 2004 qui ne donne aucune marge de manœuvre au
procureur qui dépend du Ministère de la Justice. En effet, les autorités ont voulu donner au
procureur la possibilité d’étudier les dossiers et de voir ceux qui devaient
être transmis eu juge d’instruction ce que l’article 29 ne permet pas puisque
le procureur doit « immédiatement » dés réception des dossiers les
transmettre au juge d’instruction. Cette volonté des autorités étatiques d’alors
se comprend quand on sait que dans l’étude des typologies des dossiers reçus de
2005 à 2010 par la CENTIF 67% concernent des tentatives d’escroquerie et de
détournement de deniers publiques. De
hauts bonnets de l’Etat du Sénégal ont été souvent cités mais jamais inquiétés.
D’autre part, en ce qui concerne l’année 2010 le montant de l’argent
susceptible d’être blanchi s’élève à 1 119 136 291 137) Francs CFA soit 17,6
%du PIB 2010 du Sénégal estimé à 6359, 7 Milliards de Francs CFA et 63,88 % de
la dette extérieure du Sénégal estimée en 2010 à 1 751,8 Milliards de Francs
CFA.
Cette catastrophique situation mérite que l’on s’interroge sur ce que
fera l’actuel Président des dossiers en cours et en suspens de la CENTIF. Cette
structure doit être libérée, ses prérogatives renforcées et ses dossiers
étudiés. Quand on sait que nos compatriotes veulent que l’on audite les
autorités déchues, les informations communiquées leur donne entièrement raison.
La
bonne gouvernance commence par la mise en place d’institutions fortes comme
celle de la CENTIF pour servir de rempart à toute tentative de corruption ou de
détournement de deniers publiques. Macky SALL fera t il mieux que
Abdoulaye Wade dans ce domaine ? Nous en
saurons plus ces prochains jours.
Source : site
officiel de la centif ( www.centif.sn) et les rapports annuels d’évaluation
de cette structure que vous pouvez télécharger à partir du site officiel.
Haby Sirah DIA
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